Définition de LAS, LASSE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : lâ, lâ-s'

DÉFINITIONS

1
Qui éprouve le sentiment de la lassitude.
Ma foi, me trouvant las.... Je me suis doucement assis sur ce nuage
Sied-il bien à des dieux de dire qu'ils sont las ?
On va bien loin, dit-on, quand on est las : mais, quand on a les jambes rompues, on ne va plus du tout
Sémantique : Par extension.
Ce déplorable chef du parti le meilleur, Que la fortune lasse abandonne au malheur
Il [Napoléon] fatigua la victoire à le suivre ; Elle était lasse, il ne l'attendit pas
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Cinq mai.
Las de, à qui telle ou telle chose fait éprouver le sentiment de lassitude. Être las de marcher.
Sémantique : Populairement. Un las d'aller, un fainéant.
Ce rogneux las d'aller [un chien galeux] se frottait à mes bas
Las d'aller est un personnage de Rabelais.
Las d'aller, nom vulgaire du héron butor.
2
Dégoûté, ennuyé de quelque chose que ce soit.
Obéissons, madame, à ce peuple sans foi, Qui, las de m'obéir, en [de Nicomède] veut faire son roi
Il y court [à Surate] ; les mers étaient lasses De le porter
À dire vrai, nous nous incommodons étrangement l'un et l'autre, et, si vous êtes las de me voir, je suis bien las aussi de vos déportements
Il [M. de Barrillon] est souvent chez Mme de la Fayette et chez Mme de Coulanges ; il disait à cette dernière l'autre jour : Ah ! madame, que votre maison me plaît ! j'y viendrai bien les soirs, quand je serai las de ma famille. - Monsieur, lui dit-elle, je vous attends demain
Pylade, je suis las d'écouter la raison
C'est trop gémir tout seul ; je suis las qu'on me plaigne
Las de se faire aimer, il veut se faire craindre
Lasse enfin d'elle-même et du jour qui l'éclaire
Lasse de vains honneurs et me cherchant moi-même
Je suis las du pouvoir
Il [Cromwell] vint heureusement dans le temps où l'on était dégoûté des rois ; et son fils dans le temps où l'on était las d'un protecteur
Sémantique : Fig. Faire quelque chose de guerre lasse, voy. GUERRE.

SYNONYME

1
LAS, FATIGUÉ. Au sens physique, las est plus général que fatigué. On est las soit que la lassitude soit produite par un exercice excessif, soit qu'elle se fasse sentir spontanément et sans exercice préalable ; au lieu qu'on n'est fatigué que par un excès de quelque exercice.

HISTORIQUE

1
Xe s.
E eret [et il était] mult las
dans Fragm. de Valenc. p. 468
2
XIe s.
Qui mult est las, il se dort contre terre
dans Ch. de Rol. CLXXVIII
3
XIIe s.
Lasse, chetive [elle] se claime à genouillons
dans Ronc. 116
Dedenz quart jur après vint à Senz saint Thomas : à l'ostel s'en ala : car de l'errer ert las
dans Th. le mart. 57
4
XIIIe s.
Tant a fuï la lasse par un estroit sentier....
dans Berte, XXXVIII
Las buef suef [doucement] marche, Ce dit li vilains
dans Prov. du vilain, ms. f° 74, dans LACURNE
5
XIVe s.
Je veoie le terme de ma lasse vie approucher
dans Chron de St-Denis, t. I, f° 23, dans LACURNE
6
XVe s.
Il n'est delit, joie, feste, soulas, Joustes, tournois, deduit, esbatement, De quoy chascuns ne soit à la foiz las, Combien que tout plaise au commencement
de Eustache DESCHAMPS dans Plaisirs de l'estude.
7
XVIe s.
Le peuple le receut et recueillit à grande joye, estant desjà las et ennuyé de Themistocles
de Jacques AMYOT dans Cim. 10
Protogenes.... ayant parfaict l'image d'un chien las et recreu
de Michel de MONTAIGNE dans I, 254

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. las ; esp. laso ; ital. lasso ; du lat. lassus, qui n'est qu'une forme plus assimilée de laxus (voy. LÂCHE).

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